Exposée en solo à la Galerie de la Maison de la culture de la Ville de Lachute (Québec), du 27 septembre au 15 octobre 2015 et à la Galerie du Centre culturel de l’Université de Sherbrooke lors de l’exposition des finissants de la cohorte 2014 du diplôme de 2e cycle en pratiques artistiques actuelles.
Avec Ombres portées, Casting Shadows (Opcs), je conjugue le numérique à l’échelle des fluidités du réel en soulignant certaines de ses influences sur notre perception; que ce soit en science ou en art, ces nouveaux outils me semblent servir l’approfondissement de notre compréhension d’un monde en perpétuelle transformation, non fini et interagissant. Dans ce sens, je cherchais à créer une suite d’installations vidéo immersives composées de projections ouvertes dans lesquelles on peut retrouver les mouvances tranquilles du lieu d’une capture numérique; une douce trajectoire sinueuse où se tisse la contemplation d’un paysage, des écrans et de la photographie.
Ce lieu est une berge de lac photographiée en gros plan. Tel un rouleau japonais, elle défile animée dans un lent va-et-vient ; simulant la dérive de la chaloupe ancrée lors de ses prises de vue ; l’onde est calme et la rive devient la suture entre le réel et son reflet.
Du sol au mur opposé, cette projection vidéo envahit l’espace. Dans son faisceau, je suspends d’autres écrans. Je les fabrique avec l’approche Nuno, une technique de feutrage avec de l’eau et de la soie*. Leurs textures absorbent et métamorphosent celles de l’image. Comme la réflexion aquatique, leur fibre émousse la précision numérique. Ces images-écrans interfèrent avec la projection vidéo. Quelques une agissent comme les phasmes des ombres des spectateurs. Ces derniers font voleter et onduler les images-écrans et leurs ombres défilent sur l’ensemble de l’installation. Leurs passages régénèrent notre perception de l’environnement. Ils suivent la trajectoire que j’ai dessinée à l’aide de branches d’arbre disposées au sol. On entend une ritournelle composée avec les sons enregistrés pendant la prise de vue. Le tout est troué de fondu au blanc, au noir et au silence. Des stations situées à l’écart invitent à la contemplation.
* Le Nuno est une technique de feutrage humide qui permet de fusionner la laine à la soie par la répétition de frottements dans l’eau et le contraste de température de celle-ci (chaud-froid). J’ai choisi le Nuno parce que je peux atteindre des degrés de translucidité qui transmettent une texture d’ombre aquatique tout en conservant une bonne qualité de projection.
Ombre : Les ombres sont portées